Interview Ilaria Fatone, designer d’intérieur - partie 2

Quelle est ta définition du minimalisme ? 

Il y a cette citation : « le minimalisme n’est pas l’absence de quelque chose mais la dose parfaite de quelque chose ». Pendant des années, la vision du minimalisme se résumait à des intérieurs blancs, des surfaces vides et un manque de vie et de douceur.

J’ai toujours pensé qu’il était impossible pour nous d’adhérer à cela. Simplement parce que ce n’est pas dans notre culture, contrairement aux japonais par exemple, et aussi parce que l’on a un attachement aux choses issues de notre histoire personnelle, nos voyages, nos souvenirs. Pour moi, le minimalisme c’est apprécier l’espace, se débarrasser de ce qui est inutile, superflu. Mais le concept de superflu est très personnel.

Le minimaliste “classique” vous dira que si vous avez 3 vases, il ne faut en garder qu’un. Je trouve que c’est une vision trop difficile à atteindre, on a des objets qu’on aime plus que d’autres, qui ont chacun une histoire. Je pense que l’on peut garder les trois tout en étant minimaliste. L’essentiel, c’est d’arriver à avoir un équilibre dans nos maisons. pour apprécier les objets qu’on a, sans qu’ils soient noyés dans une accumulation.

Le minimalisme c’est aussi apprécier l’espace qu’on a. J’entends souvent :  « on a besoin de déménager dans plus grand, d’avoir plus de rangement ». Non, le minimalisme c’est avoir la maison qu’on peut avoir et adapter nos possessions à la maison, et pas l’inverse. Ne pas surcharger un intérieur de rangements du sol au plafond, mais plutôt trier ce qu’on a. C’est un cheminement qui peut prendre une vie, le but n’est pas d’arriver à un point de perfection absolue, mais à un mode de vie où l’on consomme différemment, où on fait attention à acheter quand on en a besoin, et pas d’une manière compulsive. Tout cela permet selon moi d’avoir des espaces de vie où l’on se sent bien. 

Quel est ton truc à toi pour réussir ?

Pour réussir dans ce qu’on fait, peu importe le domaine, il faut avoir une vision. Il faut savoir où l’on va, ce qu’on veut communiquer, savoir si ce qu’on propose, que ça soit un produit ou un service, correspond à un besoin. Y at-il des clients qui auront besoin de ça ? Dans mon cas, c’est y a t-il des clients qui ont besoin qu’on les accompagne vers ce style spécifique ?

Il y a aussi le travail, le temps passé à travailler efficacement. Il n’y a pas de secret, il faut bosser dur. De nos jours, le travail ne se limite pas à l’exécution de notre tâche principale, qui est dans mon cas décorer, aménager. Il y a aussi tout le nuage de réseaux sociaux, de partages, qui prend un temps considérable mais qui fait partie du boulot.

Ce qui nous amène au troisième point : être très présent. En physique sur un réseau local avec des apéros professionnels, du networking ou en virtuel sur les réseaux sociaux, c’est essentiel. On ne peut pas se faire connaître sans passer par cela.